L’« attaque » de goutte aiguë est plus de deux fois plus fréquente la nuit que dans la journée, révèle cette étude de la Harvard Medical School. Ses conclusions publiées dans la revue Arthritis & Rhumatology confirment le risque nocturne même chez des patients qui n’ont pas consommé d’alcool et à faible apport de purine dans les 24 heures qui précèdent.
La goutte est un rhumatisme inflammatoire qui provoque des douleurs et un gonflement des articulations. En cause, l'acide urique produit par le corps lors du processus de décomposition des purines, des substances naturelles présentes dans les cellules du corps et dans la plupart des aliments. Ces niveaux de purine sont particulièrement élevés dans la viande, les fruits de mer et l'alcool. Résultat d'une accumulation de cristaux d'acide urique dans l'articulation, la goutte affecte souvent le gros orteil, mais peut affecter des articulations plus importantes, comme le genou. Le goutteux, l'hyperuricémique d'aujourd'hui, est un patient multirisque : HTA, infarctus, diabète, insuffisance rénale. Déjà associée dans l'histoire à l'art de vivre et de manger, la goutte est liée à l'obésité, la consommation excessive d'alcool, mais aussi à la prise de diurétiques, en traitement de l'hypertension artérielle.
Quelles causes aux crises nocturnes ? L'auteur principal, le Dr Hyon Choi, chercheur à la Harvard Medical School cite :
– Une température corporelle inférieure,
– la déshydratation nocturne,
– une baisse nocturne des niveaux de cortisol
Son étude, la première à examiner l'association entre le risque d'attaque de goutte et le moment de la journée, a enquêté sur les déclencheurs de ces attaques, chez 724 patients atteints, âgés en moyenne de 54 ans suivis durant un an via l'Internet. Les participants devaient renseigner la date et l'heure des crises, leurs symptômes, l'utilisation de médicaments ainsi que certains facteurs de risque (consommation d'alcool, de fruits de mer….).
Les résultats indiquent que,
· 68% des patients avaient consommé de l'alcool juste avant les crises
· 29 des diurétiques, 45% de l'allopurinol, 54% des AINS et 26% la colchicine, entre ou avant les crises.
· Sur 1.433 attaques recensées, 733 se sont produites durant la nuit (minuit à 8 H) et 390 dans la soirée vs 310 dans la journée (8h00-14h59).
Le risque de crise de goutte s'avère ainsi 2,4 fois plus élevé pendant la nuit vs journée, même après prise en compte des facteurs de confusion possible.
Ce risque persiste même chez les personnes n'ayant pas consommé d'alcool et ayant respecté un faible apport de purine durant les 24 heures précédant la crise.
En conclusion, c'est un appel à définir des mesures prophylactiques contre les crises de goutte, surtout la nuit.
Source: Arthritis & Rheumatology 11 Décembre 2014 DOI: 10.1002 / art.38917 Nocturnal Risk of Gout Attacks
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