Cette enzyme, du nom d’IDO est exprimée par le fœtus pour éviter le rejet par le système immunitaire de la mère. Elle pourrait contribuer, aussi, à l’élimination de la grande quantité de débris internes générés par la mort cellulaire naturelle, responsable de la réaction du système immunitaire contre les cellules saines de l’organisme, dans les maladies auto-immunes, comme le lupus. Ces conclusions, publiées dans l’édition du 21 février des Proceedings de la National Academy of Sciences (PNAS), font d’IDO une cible prometteuse dans le traitement du lupus et autres maladies auto-immunes.
Les chercheurs de Georgia Health Sciences University rapportent que l'enzyme connue pour empêcher le système immunitaire d'une femme d'attaquer son fœtus contribue également au développement de ces blocs qui dans les maladies auto-immunes visent les tissus sains, l'ADN ou les articulations. Cette découverte laisse espérer une nouvelle stratégie thérapeutique pour les maladies auto-immunes.
L'enzyme IDO réglemente la tolérance du système immunitaire : « Le principe de base du lupus est que vous avez perdu la tolérance normale pour vous-même, votre propre ADN et vos protéines », explique le Dr. Tracy L. McGaha, immunologiste à la GHSU. Or les chercheurs ont constaté que l'enzyme IDO (ou 2,3-indoleomine dioxegenase) contribue à promouvoir la tolérance à ces blocs de débris générés par la mort cellulaire naturelle et que, lorsque IDO est absent, la réponse immunitaire qui peut déclencher la maladie auto-immune est alors stimulée. En bloquant IDO sur des souris génétiquement modifiées, les chercheurs constatent que la maladie est plus agressive.
Cette nouvelle étude montre qu'IDO participe ainsi à l'élimination efficace des débris cellulaires tout en gardant à proximité des cellules immunitaires calmes. Or ce processus de retrait des débris cellulaires est primordial dans le lupus car c'est l'un des principaux moteurs de l'inflammation. IDO ourrait donc être une cible thérapeutique prometteuse, capable d'interrompre la cascade destructrice de l'activité immunitaire, explique le Dr McGaha
Des médecins de la GHSU, les Dr Andrew Mellor et David Munn avaient déjà signalé en 1998 dans la revue Science que le fœtus exprime cette enzyme IDO afin d'éviter le rejet par le système immunitaire de la mère. D'autres études ont montré son rôle dans les tumeurs et sa contribution anti-rejet dans les greffes d'organes. Voilà donc IDO, cible prometteuse dans de futurs traitements des maladies auto-immunes.
PNAS 10.1073/pnas.1117736109 « Tolerance to apoptotic cells is regulated by indoleamine 2,3-dioxygenase” (visuel “Could I have Lupus?- vignette PNAS IDO)