Les personnes atteintes de maladie auto-immune inflammatoire pourraient bénéficier d'un redémarrage du système immunitaire. Cette équipe de l’Université du Queensland (Australie) a peut-être trouvé le moyen de « rebooter » l’immunité : il s’agit de donner aux cellules dendritiques, gardiennes et chefs d’orchestre du système immunitaire, de petites bulles de graisse ou liposomes, qui vont calmer et relancer le système immunitaire, et freiner aussi le processus pathologique. Ces travaux, présentés dans JCI Insight laissent entrevoir de nouvelles immunothérapies pour les patients atteints de maladies comme la polyarthrite rhumatoïde par exemple.
Une immunothérapie innovante qui répondrait à un besoin certain : l’auteur principal, le Professeur Ranjeny Thomas de l'Université du Queensland rappelle : « les patients atteints de maladie auto-immune inflammatoire ont actuellement besoin de médicaments quotidiens pour réguler ou supprimer leur système immunitaire. La polyarthrite rhumatoïde est l’exemple d’une maladie auto-immune à impact considérable sur la qualité de vie des patients, car il n’existe pas de traitement curatif et les traitements ne peuvent généralement pas être arrêtés ».
Rebooter la réponse immunitaire qui a mal tourné
Les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ou de vascularite ont des lymphocytes T « indésirables » qui attaquent les propres tissus du corps, échappant ainsi à la régulation normale qui maintient ces cellules en échec.
Le développement de médicaments de précision pour ces maladies constitue donc un enjeu pour de nombreuses équipes de recherche. Cette étude répond à ce défi en documentant une nouvelle immunothérapie spécifique de l'antigène capable de réguler à nouveau les lymphocytes T indésirables, marqueurs d'arthrite inflammatoire ou de vascularite (inflammation des vaisseaux) chez la souris.
Des liposomes qui encapsulent des peptides antigéniques : Ce nouveau principe d'immunothérapie consiste à donner aux cellules dendritiques qui orchestrent le système immunitaire de petites bulles de graisse ou liposomes qui encapsulent des peptides antigéniques spécifiques à la maladie -c'est-à-dire des peptides capable d'engendrer une réponse immunitaire- et qui vont permettre de normaliser la fonction immunitaire. Ici, les chercheurs injectent à des souris modèles de polyarthrite rhumatoïde et de vascularite, des liposomes encapsulant du calcitriol (une forme active de la vitamine D), et des peptides associés à la maladie ce qui supprime la différenciation et la fonction des lymphocytes T, mémoires spécifiques de l’antigène. Les liposomes peptide-calcitriol induisent ainsi chez la souris une tolérance spécifique de l'antigène. En synthèse, l’essai montre que :
- cette immunothérapie spécifique à un antigène peut être utilisée pour traiter des maladies auto-immunes inflammatoires existantes ;
- l'activité inflammatoire n'est pas un obstacle à la restauration de cette régulation du système immunitaire.
Cette immunothérapie par liposomes et peptides antigéniques spécifiques à la maladie, permet de restaurer le bon fonctionnement des cellules immunitaires. Des essais cliniques devront être menés avant de parvenir à une immunothérapie utilisable en pratique clinique, cependant, ces premiers résultats montrent qu’il est possible de restaurer, par immunothérapie, une tolérance spécifique à l'antigène dans les maladies auto-immunes inflammatoires.
Source : JCI Insight Sept, 2019 DOI:10.1172/jci.insight.126025 PD-L1 and calcitriol dependent liposomal antigen-specific regulation of systemic inflammatory autoimmune disease
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