Humeur, comportement, sommeil, tension ou encore thermorégulation, la sérotonine est connue pour son rôle de neurotransmetteur cérébral et son rôle clé dans l’ensemble de ces fonctions. Mais produite dans le tissu osseux, elle intervient aussi sur la santé de l’os. Cette équipe de chercheurs de l’Inserm qui publient leur étude dans l’édition du 31 janvier des Actes de l’Académie des Sciences américaines (PNAS) montre que la sérotonine et que les médicaments capables de moduler ses effets, comme certains antidépresseurs, pourraient ainsi agir sur la formation, la réparation ou…la dégradation de l’os.
Ce sont les chercheurs de l'Unité de recherche 606 « Os et Articulation » se sont intéressés au rôle de la sérotonine sur le tissu osseux. Alors que certains chercheurs ont décrit son action négative sur le tissu osseux, d'autres l'identifient comme indispensable à toute modification osseuse.
La sérotonine participe à l'équilibre entre dégradation et formation osseuse : Cette étude menée sur la souris montre que l'effet de la sérotonine sur le tissu osseux n'est pas dû à la sérotonine « circulante » mais à une production de sérotonine nouvelle, produite localement dans le tissu osseux. Elle est produite puis synthétisée par des cellules osseuses, les ostéoclastes, « en charge de résorber l'os », explique la chercheuse de l'Inserm, Marie-Christine De Vernejoul.
Les ostéoclastes dégradent l'os, les ostéoblastes assurent la formation de l'os : De l'équilibre entre ostéoclastes et ostéoblastes dépend notre équilibre osseux, nous explique l'Inserm. Si cet équilibre est rompu : une trop forte activité des ostéoclastes aboutit à une augmentation marquée de la densité osseuse. Au contraire, une trop forte activité des ostéoblastes à une résorption osseuse associée à une perte osseuse qui mène à l'ostéoporose, l'arthrite et des lésions osseuses métastatiques.
« Cette sérotonine locale produite par les ostéoclastes est bien plus importante pour le tissu osseux que la sérotonine circulante, ce qui expliquerait les conclusions différentes observées jusqu'à présent par les scientifiques », précisent les auteurs.
Alors que les ostéoclastes expriment à leur surface le transporteur de la sérotonine et certains récepteurs de la sérotonine, les médicaments (tels les ISRS) affectant le transporteur de la sérotonine, comme certains antidépresseurs, et les récepteurs de la sérotonine, comme les antimigraineux, pourraient donc influer sur la densité tissu osseux. Les chercheurs ont pensé logiquement à l'ostéoporose et vont étudier s'il existe un lien entre sérotonine et carence en œstrogènes. Bref, les perspectives ouvertes par ces résultats sont nombreuses.
Source: Communiqué Inserm (Visuels: Zone de croissance et de résorption de l'os. Ostéoclastesen rouge), PNAS, 2012 January 30, 2012, doi: 10.1073/pnas.1117792109 “Decreased osteoclastogenesis in 2 serotonin-deficient mice«