Cette étude, publiée dans l’édition du British Medical Journal va rassurer les porteurs de prothèses de hanche métal sur métal (MoM), des prothèses qui ont fait les gros titres, en particulier au Royaume-Uni, en raison d’un taux d’usure élevé proportionnel à la taille de la tête de prothèse mais aussi de la fréquente formation d’une fine couche lubrifiante en carbone graphitique dans les articulations. Ces conclusions indiquent en effet que les patients avec prothèse de hanche métal sur métal ne présentent pas de risque accru de cancer, pas plus que la population générale, dans les 7 années qui suivent leur implantation.
Le National Health Service, qui commente cette étude, en rappelle néanmoins les limites, telles que le nombre limité d'années de suivi en regard d'une période parfois très longue de développement de certains cancers. Rappelons que le Royaume-Uni, comme la France, ont émis de nouvelles recommandations, préconisant désormais une visite de contrôle annuelle.
Ces chercheurs britanniques de l'Université de Bristol, d'Exeter et du Wrightington Hôpital confirment les données de taux d'usure déjà publiées sur certains types d'implants mais soulignent que jusqu'ici très peu d'études ont porté sur les effets biologiques des métaux dont le cobalt, le chrome et le molybdène libérés dans l'organisme avec l'usure des têtes. Selon ces scientifiques, des traces de ces métaux peuvent être trouvés dans de nombreux organes, dont la moelle, le sang, le foie, les reins et la vessie. Leur étude a donc comparé les taux de cancer chez les patients avec prothèses de la hanche métal sur métal dans les sept ans suivant la chirurgie aux taux recensés chez des patients avec d'autres types de prothèses de hanche ou en population générale, en tenant compte de l'âge et du sexe. Leur analyse porte sur les données de 289.571 patients anglais qui ont subi une arthroplastie de la hanche de 2003 à 2010, dont 40.576 patients avec prothèses MoM et 248.995 avec implants fabriqués avec d'autres matériaux.
L'étude conclut à l'absence de preuves d'une association des implants MoM à un risque accru de diagnostic de cancer au cours des 7 années suivant la chirurgie. Cette conclusion est basée sur une moyenne de suivi de 3 ans et 23% des patients suivis pendant 5 ans ou plus. De même, les chercheurs n'identifient aucune preuve d'augmentation du risque de mélanome malin ou de leucémies, de cancer de la prostate ou des reins. Ainsi, pour les hommes âgés de 60 ans, le risque d'être diagnostiqué avec un cancer dans les 5 ans après la chirurgie est le suivant :
– 4,8% (4,4% à 5,3%) après implant de resurfaçage MoM
– 6,2% (5,7% à 6,7%) après implant en métal avec tige en métal
– 6,7% (6,5% à 7,0%) après un autre type de prothèse de hanche
Et, pour les femmes âgées de 60 ans
– 3,1% (2,8% à 3,4%) après implant de resurfaçage MoM
– 4,0% (3,7% à 4,3%) après implant en métal avec tige en métal
– 4,4% (4,2% à 4,5%) après un autre type de prothèse de hanche
Les chercheurs constatent aussi, qu'un an après le remplacement de la hanche, l'incidence des nouveaux diagnostics de cancer s'élève à 1,25% (IC : 95% de 1,21% à 1,30%) inférieur (ou sans écart significatif) à l'incidence en population générale de 1,65% (IC : 95% de 1,60% à 1,70%). Des résultats rassurants donc, même si la durée de suivi de l'étude peut sembler trop courte.
Source : BMJ 2012; 344 doi: 10.1136/bmj.e2383 Published 3 April 2012 Risk of cancer in first seven years after metal-on-metal hip replacement compared with other bearings and general population: linkage study between the National Joint Registry of England and Wales and hospital episode statistics.
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