Dans les maladies auto-inflammatoires, le système immunitaire inné est activé sans cause apparente et déclenche une inflammation, qui, prolongée, entraine la maladie. Ces chercheurs de l'Hôpital pour enfants St. Jude montrent ici comment les changements du microbiote, induits par l'alimentation, peuvent réduire, chez la souris, la susceptibilité à la maladie auto-inflammatoire. Des données qui suggèrent, dans la revue Nature, de nouvelles approches pour la prise en charge des maladies auto-inflammatoires, en particulier par transplantation fécale.
De récentes recherches ont suggéré le rôle important du microbiote dans le développement de l'infection, dont l'infection à VIH, de certaines maladies métaboliques ou troubles du comportement alimentaires, allergies, de nos humeur et de notre mental aussi. Ces différentes études ont associé certaines familles ou combinaisons de bactéries à ces différents troubles. D'autres études ont montré que l'alimentation ou la transplantation fécale pouvaient, en modifiant ou rétablissant la configuration du microbiote, rétablir des fonctions normales de l'intestin ou réduire ces risques de maladie.
Cette équipe de l'Hôpital pour enfants St. Jude a mené son étude sur des souris modèle d'ostéomyélite multifocale chronique récidivante, une maladie osseuse inflammatoire rare marquée par une douleur et l'enflure aux articulations qui peut entrainer, à terme, une déformation osseuse permanente.
Les souris modèles nourries avec un régime habituel ont développé une inflammation de la patte arrière, présenté une érosion osseuse et des ganglions lymphatiques enflés. L'analyse des tissus montre des cellules immunitaires infiltrées et une destruction osseuse significative.
Les souris modèles nourries avec un régime riche en graisses saturées et en cholestérol s'avèrent tout à fait protégées.
1. Le régime riche en graisse et en cholestérol a considérablement réduit dans le microbiote, certaines communautés bactériennes, dont les bactéries Prevotella, liées ici à l'inflammation.
2. Ainsi, les antibiotiques qui s'attaquent à Prevotella permettent aussi de protéger les souris modèles nourries avec le régime standard.
3. Enfin, la transplantation du microbiote des souris modèles nourries avec le régime standard chez de jeunes souris, entraine chez ces souris un développement de la maladie, alors que la transplantation du microbiote des souris modèles nourries avec le régime riche en graisses chez de jeunes souris, empêche chez ces souris le développement de la maladie.
Cette expérience identifie donc, sur le papier, 3 approches pour contrer la maladie auto-inflammatoire, le traitement par antibiotiques –avec ses effets indésirables, l'alimentation et la transplantation fécale ;
Les mécanismes impliqués, analysés par les chercheurs, sont liés aux niveaux d'interleukine 1β-(IL-1β), une protéine déjà documentée comme liée à la maladie inflammatoire de l'os, chez l'animal. Ces concentrations de protéines IL-1β augmentent significativement dans les coussinets de souris modèles nourrie avec le régime standard, alors que ces niveaux restent normaux chez les souris protégées par le régime riche en graisses.
L'alimentation influe ainsi sur les niveaux de protéine IL-1β, associés à l'inflammation.
Alimentation, microbiote et effet thérapeutique : Des résultats qui montrent, à partir d'un exemple, et sur l'animal, que le régime alimentaire en modifiant la flore intestinale, influence le développement de l'inflammation. Un élément de preuve supplémentaire donc qui suggère que l'alimentation –non seulement fait partie intégrante de la prévention en santé- mais peut aussi avoir un impact thérapeutique sur la maladie. Et sur un plan plus pratique, contribuer à réduire le risque de troubles auto-immunes en façonnant la composition du microbiote.
Source: Nature 28 September 2014 doi:10.1038/nature13788 Dietary modulation of the microbiome affects autoinflammatory disease (Visuel@NIH@ courtesy of BMC Microbiol., 2009, 9:11 Prevotella in the gut has been linked to inflammation)
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