Cette équipe de scientifiques de l’Institut Scripps (La Jolla) identifient une nouvelle cible moléculaire, une protéine PIEZO2, qui pourrait révolutionner le traitement de la douleur clinique. Des travaux présentés dans la revue Science Translational Medicine qui intéresseront les cliniciens mais aussi tous les patients qui souffrent de douleurs « tactiles » et ou neuropathiques -auxquelles l’allodynie mécanique est fréquemment associée. Car la nouvelle étude du Scripps est publiée parallèlement à une étude menée par les US National Institutes of Health (NIH) qui désigne également Piezo2 comme responsable de l'allodynie chez l'Homme.
Ainsi, une inflammation ou une lésion nerveuse peut altérer la sensation tactile, faisant qu’un toucher doux soit perçu comme douloureux. Les mécanismes moléculaires à l'origine de cette altération de la sensation, appelée allodynie mécanique, restent mal compris. Pourtant, l’allodynie touche de très nombreux patients, et est notamment très présente chez les patients souffrant de douleurs neuropathiques. Ainsi, l’allodynie mécanique peut toucher de nombreuses personnes souffrant d'affections chroniques telles que la fibromyalgie ou de lésions nerveuses dues à la chimiothérapie. Il y a peu d'options pour aider ces patients. Enfin, au-delà de cette hypersensibilité douloureuse, dans l’allodynie, la moindre stimulation tactile peut entrainer des douleurs a posteriori, qui peuvent s’aggraver ensuite pendant des heures et engendrer l’insomnie durant plusieurs nuits.
Ces travaux désignent pour la première fois comme cible une molécule, la protéine PIEZO2, exprimée dans les neurones sensoriels et montrent que cette protéine est nécessaire au développement de l'allodynie mécanique chez la souris, et chez l'Homme.
- Ici, les chercheurs ont induit l'allodynie à l'aide de différentes méthodes, et notamment l'application de la capsaïcine sur la peau des souris. La capsaïcine est connue pour sensibiliser les neurones, provoquant une inflammation semblable à un coup de soleil. Les chercheurs ont examiné la réaction des souris au toucher après leur exposition à la capsaïcine. Des souris normales ont présenté une allodynie, mais les souris privées de PIEZO2 n'ont pas réagi.
- Chez des humains porteurs de mutations de PIEZO2, le résultat est similaire.
Les chercheurs doivent encore comprendre comment l’inflammation interfère avec les signaux tactiles et trouver de petites molécules capables de bloquer PIEZO2. Car l'application topique de tels inhibiteurs de PIEZO2 pourrait être bénéfique pour les patients souffrant de douleur neuropathique.
En conclusion, 2 études presque simultanées chez l’animal et chez l’Homme suggèrent que l'inhibition locale des canaux ioniques PIEZO2 pourrait être efficace pour traiter l'allodynie mécanique.
« Nous espérons que ces résultats aideront les chercheurs à développer de meilleurs traitements pour gérer cette forme de douleur courante », concluent les auteurs.
Source: Science Translational Medicine 10 Oct 2018 DOI: 10.1126/scitranslmed.aat9897 The mechanosensitive ion channel Piezo2 mediates sensitivity to mechanical pain in mice
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